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dimanche 19 octobre 2014

Les aubussonnais battus, mais pas capots.

La rencontre face au CAPO Limoges, véritable épouvantail de la poule s'annonçait rude ; elle fut difficile. Pour autant, les aubussonnais, par moments très en difficultés, n'ont pas à rougir de cette défaite : ils ont plutôt bien résisté, et leur seconde période est encourageante en terme d'intentions. La largesse du score (38-03) traduit certes la belle maîtrise de la mécanique limougeaude, mais ne rend pas compte de la vaillance des tapissiers, qui ont surtout péché par inexpérience, et par crainte d'un adversaire qui venait de passer 78 points à l'extérieur la semaine passée. Et si les coachs aubussonnais sauront tirer profit de cette défaite riche en enseignements, il serait injuste de prétendre que les verts ont pris une leçon de rugby.
C'était le premier vrai test pour le RCA que ce déplacement annoncé difficile en terre limougeaude. Michel Galvaing craignait une déroute tant l'équipe locale était renforcée, ce qui n'était pas peu dire.
En effet, l'intégralité de la ligne de 3/4 du CAPO était estampillée fédérale 2 avec de nombreuses mutations en provenance du club d'Isle. De quoi attiser les craintes d'aubussonnais venus pour s'étalonner, mais qui, à la vue de leur visage, n'en menaient pas large.
Pourtant, dans leur discours d'avant-match, Marc Devèze et Miguel Baptista ont tout fait pour dédramatiser l'événement, retirer toute pression à leurs hommes, leur demandant mobilisation, rigueur et engagement : "C'est ce type de match qui doit devenir un souvenir, pas ceux que vous gagnez de quarante points !"

"De morts de faim à morts de peur..."

L'entame de rencontre confirma l'impression entrevue lors de l'échauffement, celle d'une équipe visiteuse concernée par le match, mais très contractée, face à des limougeauds sûrs de leurs forces, qui investissaient par un jeu à la main, rapide, fluide et structuré, la moitié de terrain aubussonnaise.

Le CAPO se montra dangereux dès le début, mettant la pression sur la ligne adverse, et il ne fallut attendre que quelques minutes pour assister au premier essai, en coin, des locaux.
On craignait alors le supplice au score pour les verts. Il n'en sera rien, les avants opposant une belle résistance pour annihiler les velléités limougeaudes, pourtant réelles.

A plusieurs reprises, les bleus se heurteront à la débauche d'énergie de leurs adversaires, bien que dominés dans les prises d'intention, sur la vivacité et la propreté des transmissions. Quelques maladresses viendront pourtant gripper la belle mécanique du CAPO, et à deux reprises, l'arbitre refusera l'essai pour des petites fautes commises en phase offensives.

On se prit alors à rêver que le doute n'envahisse des limougeauds incapables, à ce moment là, de traduire leur domination au tableau d'affichage. C'était l'espoir de la trentaine de supporters aubussonnais qui avaient fait le déplacement et qui comptaient parmi la centaine de spectateurs présents autour du terrain.
Timorés jusque là en attaque, il fallut un exploit personnel de Julien Vaysset qui au prix d'un joli crochet cassa la ligne adverse pour obtenir une supériorité numérique sur le côté gauche des limougeauds, pour la première fois dépassés. Un trois contre deux à jouer et l'occasion de revenir au score ; las, une mauvaise transmission, un ballon tombé et un en avant plus loin, l'occasion était passée. Ce sera la seule de cette première période pour un RCA courageux, vaillant, mais manquant de lucidité et de précision technique dans le dernier geste, et payant cash la moindre faute, de placement et/ou de concentration.
C'est ainsi que juste avant la pause, le CAPO passera une seconde fois la ligne des tapissiers pour mener  12-0.

"C'est inadmissible ! Vous avez joué comme des morts de peur", s'exclama Miguel Baptista, soucieux de piquer ses joueurs dans leur orgueil.

"Des efforts mal récompensés."

La seconde période repart alors ; et si les aubussonnais commettent un en-avant dès l'engagement, il continuent à se montrer très généreux dans l'effort, plus saignants dans leurs courses, et tranchants dans leur impacts, à l'image du capitaine Christophe Virmontois.
Métamorphosés dans les intentions de jeu, les aubussonnais commencent alors à prendre le dessus sur leurs adversaires, en utilisant en percussion la puissance d'un Maxime Morin efficace, et au large les slaloms de Sébastien Rondier.
A plusieurs reprises, le RCA abordera les 22 mètres adverses en position favorable, mais à chaque fois, une imprécision, une faute technique viendra gâcher l'initiative.

Dans le même temps, les limougeauds, réalistes, feront preuve de beaucoup plus d'efficacité au moment de concrétiser leurs temps forts.
C'est au summum de la domination aubussonnaise que sur une perte de balle, le CAPO ira inscrire un troisième essai, transformé, pour porter le score à 19-0.

Néanmoins, poursuivant sur sa dynamique de jeu, les tapissiers cherchent à aller marquer, et ne lâchent à aucun moment le match, même si, à mesure que le temps passe, le physique a tendance à faiblir.
C'est sur une nouvelle contre-attaque que Limoges inscrira un nouvel essai entre les poteaux, pour un 26-0 très sévère au regard de la prestation d'ensemble.

Insistant sur l'alternance dans le jeu, les aubussonnais seront (maigrement) récompensés de leurs efforts, scorant enfin sur une pénalité accordée par l'arbitre.
Enhardis par cela, ceux-ci se ruent alors à l'attaque pour sauver un honneur pourtant loin d'être entaché, puisque tombés face à une équipe tout simplement plus forte, plus expérimentée, plus structurée.
Un cinquième essai viendra sanctionner les errances défensives visiteuses pour clore la marque sur le score de 38-3, bien trop large au regard de la débauche d'énergie des tapissiers, mais confirmant la qualité intrinsèque des joueurs du CAPO, solides et efficaces.

Il y a beaucoup à apprendre de ce type de match, d'enseignements à tirer pour chacun. Charge aux coachs de bien les analyser. Pour autant, loin s'en faut, les aubussonnais n'ont clairement pas pris une leçon de rugby en terre limougeaude. La déroute annoncée n'a pas eu lieu, et le RCA peut être tout à fait fier de ses joueurs, en attendant des jours meilleurs.

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