Traduire en...

dimanche 25 janvier 2015

Force et Honneur.

Le rugby, c'est un sport de combat et une histoire de valeurs.
Chacun se souvient du match aller entre le CAPO Limoges et le RCA 23 Sud ; un match que les aubussonnais, avaient manqué par naïveté, non sans avoir opposé beaucoup de vaillance à leurs adversaires qui avaient exploité au mieux leurs temps forts.
Dès lors, ce match retour, au delà de revêtir un véritable enjeu au plan purement sportif, c'était l'occasion d'une revanche des aubussonnais contre eux-mêmes.
Les coachs le savaient bien, qui avaient beaucoup insisté sur la préparation psychologique afin d'expurger la peur liée à ce choc.
Prêts physiquement, au point techniquement, il ne manquait que le petit supplément d'âme pour filer vers l'exploit.
Concentrés à l'échauffement, appliqués, le doute n'habitait pas les esprits. "On va montrer ce qu'on vaut au CAPO, ce match, on joue pour le gagner", avait prévenu Christophe Virmontois, l'habituel capitaine, sur le flanc, en raison d'une vilaine grippe. Un capitaine confiant en ses joueurs.
Et pendant que les limougeauds, un tantinet en dilettante achevaient de s'échauffer, Marc Devèze en rajoutait une couche, insistant sur la notion de courage, pour aller au combat, ce même courage pour assurer la solidarité de l'ensemble.
Témoins de ces ultimes réglages, de cette envie qui transpirait des regards, nous avions envie, nous aussi d'enfiler maillot et crampons pour aller au combat et pousser derrière cette meute.

"Un match de haut de tableau".

Disposant du coup d'envoi, on s'attendait à voir les aubussonnais subir la grosse pression d'une équipe joueuse dès les premières minutes, le CAPO s'appuyant sur une circulation fluide et bien réglée.
Mais il n'en fut rien. Bien sûr, le terrain, lourd et gras n'aidait pas à la pratique d'un jeu de passes rapides, mais en réalité, les limougeauds reçurent la grosse pression défensive de leurs adversaires, très bien entrés dans la rencontre, et qui poussèrent une première escarmouche dès les premières minutes avec un raid solitaire lancé après plusieurs percussions dans l'axe sur un groupé pénétrant d'école. Mis à la faute, les bleus concèdent une pénalité, convertie par le buteur maison, Mickaël Rondier qui ouvre le score.
(Crédit photo J-M Almarcha)

Bousculés, les limougeauds ne s'attendaient surement pas à une telle entame de la part des tapissiers, bien en place, découpant leurs adversaires comme jamais auparavant.
Il faudra plusieurs minutes aux visiteurs pour retrouver leurs esprits, ceux-ci manquant même une pénalité et subissant plusieurs fois les assauts de verts jouant comme des morts de faim.

Si la leçon a été bien retenue pour ce qui concerne le fait de jouer sans crainte excessive de l'adversaire, il n'en demeure pas moins quelques errements en matière de concentration. Témoin, cette pénalité rapidement jouée par le CAPO qui abouti à un essai, non converti, pour Limoges, qui prend le score sans avoir montré grand chose, convertissant sa vraie première action dangereuse.
On craignit un instant pour les aubussonnais, réduis temporairement à 14, frustrés, que ceux-ci lâchent un peu en première mi-temps. Loin de là, la frustration leur donnant encore plus faim de ballon. Une nouvelle pénalité de Rondier leur permettra d'atteindre la mi-temps sur le score de 08-06, au terme d'une période de belle facture.

"L'essai de Vaisset, le stade qui explose."

Après un discours posé de leurs entraîneurs leur enjoignant de garder confiance, et les invitant à jouer, les aubussonnais repartirent pied au plancher, sans se renier, avec courage et ardeur, tenant davantage la balle à la main, tentant de lancer du jeu au large. Rondier remettra son équipe devant  au score sur une nouvelle pénalité.
Dans la foulée, les aubussonnais, multipliant les temps de jeu au sortir d'une récupération consécutive à une belle pression mise sur une touche adverse, trouvent la faille dans la défense limougeaude quand Vaisset, tout en puissance vient aplatir dans l'en but visiteur, faisant exploser le stade de la Croix Blanche.
L'exploit était à la main des tapissiers qui venaient là, de faire le break pour mener 16-08.
Enhardis par cette réussite, les aubussonnais continuaient sur leur lancée, secouant des limougeauds peu habitués à être à ce point bousculés, ceux-ci usant de vice pour s'en sortir dans des situations pourtant bien délicates.

Un exploit n'en serait pas un sans le suspense, et comme du côté d'Aubusson, on aime bien les fins de rencontres crispantes, le CAPO reviendra au score, à la suite d'un essai transformé, revenant à un point du RCA.

C'est là que le courage et la solidarité sont indispensables ; quand il faut résister, serrer les dents, compenser les petites erreurs des copains, courir un peu plus vite que les jambes ne peuvent, accepter la douleur des impacts, les morsures du froid.
Avec un gros coeur et le soutien inconditionnel des 200 spectateurs de la Croix Blanche, Aubusson ne lâchera pas, reprenant un chti peu d'aise avec une nouvelle pénalité de Rondier, grand artisan du succès creusois (19-15).

Les derniers instants seront tendus (un essai donnant la victoire aux visiteurs), les aubussonnais ayant le ballon qui brulent les mains dans des situations souvent plus que chaudes comme cette relance tentée dans les 22 mètres, contrée et heureusement endiguée par une défense héroïque. La fougue, compensant dans ces instants le manque d'expérience qui aurait voulu que les ballons soient soigneusement mis à chaud dans les dernières secondes, permettra au RCA de décrocher un succès mérité au bout d'un match de haute volée.
De la joie, de l'émotion, de la fierté sur les visages, Aubusson a réalisé son exploit, et les supporters, non rassasiés d'en redemander, rêvant de faire tomber dès la semaine prochaine, le leader, Payzac.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire